Air Austral: le bras de fer se poursuit entre la compagnie et son ex-pilote David Rocher

L'ancien pilote de la compagnie a rendez-vous le 1er mars prochain devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis
David Rocher ne lâche pas son ancienne compagnie et ses dirigeants. L'ex-pilote maintient ses poursuites judiciaires contre AIR AUSTRAL, son P.D.G et ses 3 avocats pour «tentative d’escroquerie au jugement, en bande organisée». Maitre Jean-Michel Baloup riposte dans un entretien
 


 
C'est une affaire hautement sensible. Alors qu'Air Austral avait été reconnue coupable devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis, le 23 octobre 2012 pour harcèlement moral, la cour d'appel a largement revu à la baisse le montant des intérêts civils à verser à l'ancien pilote de ligne David Rocher. En plus des 50 000 euros d'amende dont elle avait écopé sur le plan pénal, la compagnie aérienne avait été condamnée à verser 1,18 million d'euros à son ex-employé au titre des intérêts civils. Mais le 10 décembre dernier, la cour d'appel a réévalué le montant du préjudice subi par David Rocher pour le fixer finalement à 20 000 euros ...Grosse déception pour l'ancien pilote de ligne qui réclamait à l'origine plus de 7 millions d'euros et a décidé de se pourvoir en cassation. Mais David Rocher s'est aussi engagé dans un autre combat contre son ancien employeur. Il a décidé de porter plainte contre le PDG et les 3 avocats de la compagnie pour «tentative d’escroquerie au jugement, en bande organisée».
 
Le procès devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis est prévue le 1er mars prochain. L'un des avocats visés par cette plainte, Maître Jean-Michel Baloup affirme aujourd'hui dans une entretien ne pas comprendre cette procédure.

Dans quel contexte intervient cette procédure, à l’occasion de quel «jugement», David ROCHER vous reproche-t-il d’avoir commis une tentative d’escroquerie ?

Le délit imaginaire, invoqué par Monsieur ROCHER, concernait une procédure alors pendante devant la Cour d’Appel de la Réunion.
La Cour a rendu, le 10 décembre 2018, un arrêt totalement défavorable à Monsieur ROCHER. Celui-ci a formé un pourvoi en cassation contre cet arrêt.


Quel était l’objet de cette procédure devant la Cour d’appel ?

Il s’agissait d’une procédure sur intérêts civils, à la suite d’un jugement rendu le 29 mai 2017 par le Tribunal de Grande Instance de Saint-Denis.Devant la Cour d’appel, à l’audience du 10 septembre 2018, Monsieur ROCHER avait décidé de comparaître sans ses avocats habituels, reprochant à ceux-ci de ne pas avoir accepté de soutenir que, selon lui, les avocats d’Air AUSTRAL étaient en train commettre devant cette Chambre de la Cour une «tentative d’escroquerie au jugement». AIR AUSTRAL était représentée et défendue par mes Confrères Guillaume NAVARRO, Yan-Eric LOGEAIS et par moi-même, tous les trois étant membres du Barreau de Paris.

Selon David ROCHER, en quoi consisterait cette «tentative d’escroquerie au jugement» ?

Monsieur ROCHER soutient, d’une part, que nous avons produit un «accord d’entreprise» de 2008, alors qu’un autre est intervenu en 2013 et, d’autre part, que nous n’avons fourni que la première et la dernière page de l’ordonnance de non-lieu qui lui a donné définitivement tort sur tous les délits (toujours imaginaires) qu’il imputait à AIR AUSTRAL et à de nombreuses personnes qu’il qualifie de « s....» dans sa plainte avec constitution de partie civile du 5 septembre 2012.

Que répondez-vous à ces accusations ?

Monsieur ROCHER a été licencié en 2012 pour faute grave et il n'a jamais contesté ce licenciement devant la juridiction compétente. Dans ces conditions, il ne saurait nous être reproché de ne pas avoir communiqué un accord d'entreprise de 2013, qui est entré en vigueur postérieurement à son licenciement et qui ne lui a donc, par définition, jamais été applicable. Le seul accord d’entreprise en vigueur au jour de son licenciement était celui de 2008.

En ce qui concerne ma transmission volontaire de seulement la première et la dernière page de l’ordonnance de non-lieu du 17 août 2017 rejetant tous ses griefs, je l’assume pleinement. En effet, avant que Monsieur ROCHER ne soit, le 19 juillet 2016, définitivement déclaré irrecevable en sa constitution de partie civile, par la Chambre de l'instruction de la Cour d'Appel de Saint Denis, il n’a cessé d’harceler la juge d’instruction en charge de ce dossier. Aussi, je ne voulais pas que, à la lecture des motifs développés par celle-ci dans l’ordonnance de non-lieu, il importune, à nouveau, ce magistrat ; Au demeurant, cette production n’avait pour but que de démontrer que Monsieur ROCHER mentait à la Cour quand, en novembre 2017, il affirmait, dans ses conclusions, que sa plainte du 5 septembre 2012 était toujours en cours d’instruction, ce qui était absolument faux et trompeur.  En résumé, en ce qui concerne toutes ces accusations malveillantes de Monsieur ROCHER : Lui l’a di, nous l’a pas fé !