La natte à la place de l’étoffe

Une dizaine de femmes de Koumac participe à un atelier de vannerie. Pendant trois jours, elles apprendront à tisser une natte de bonjour. Ce nouvel accessoire doit se substituer à l’utilisation d’étoffe dans les coutumes d’accueil
Installé dans un faré au lieu dit "Chagrin" à Koumac, les femmes de Koumac écoutent attentivement les conseils avisés d’Elisabeth Poyyethy, l’une des formatrices de cet atelier vannerie. La sexagénaire, originaire de la tribu de Païta à Kaala-Gomen apporte les techniques de bases à la confection d’une natte de « bonjour ». « L’intérêt de ce travail, c’est de se réapproprié les techniques d’antan », souligne la formatrice, « l’idée est qu’elles puissent en confectionner une mais également que l’on échange et que l’on partage nos connaissances ». Aujourd’hui, ces techniques ancestrales ont tendances à s’oublier. La transmission se fait d’ailleurs difficilement avec les jeunes. Pour cela, la commune de Koumac a pris la décision de créer ce stage de vannerie pour les femmes des tribus mais également celles du village.
 
La natte : élément essentiel dans les coutumes
Dans le milieu Kanak, la natte a toujours été utilisée dans les cérémonies coutumières. « On a toujours fonctionné comme çà », confie Ginette Boahoumé-Arhou, 7ème adjointe à la Mairie de Koumac, en charge du secteur de la culture, l’animation et le tourisme, « on utilise la natte à l’occasion des naissances, des mariages ou des décès (… ) La natte de bonjour est le premier maillon des échanges. Elle marque par exemple le respect lorsqu’on arrive chez quelqu’un. Mais aujourd’hui, l’étoffe ou manou sert le plus souvent de référence d’échanges ». En octobre dernier, la cellule de travail et de réflexion des femmes de l’aire Hoot Ma Whaap voit le jour. Au début de l’année, elle présentait plusieurs modèles de nattes dont la première natte de « Bonjour » au Sénat Coutumier. Cette dernière  servira désormais dans les échanges et cérémonies coutumières. « C’est ce message de préservation de notre patrimoine que nous souhaitons véhiculer aujourd’hui », souligne l’adjointe au Maire de Koumac, « nous avons donc décidé d’intégrer ce concept dans cet atelier de vannerie ».
 
Apprendre à tresser une natte
Une dizaine de femmes de Koumac participe à ce stage de vannerie. Ce stage leur permet d’échanger sur les variétés de feuilles à tresser (les pandanus ou les feuilles de cocotiers). « Elles apprennent également leurs noms en langue vernaculaires », indique l’élu de Koumac, « les techniques de bases, les interdits et la place de la natte en milieu Kanak ». La commune a notamment fait appel à des tresseuses des communes environnantes afin de mutualiser les savoirs-faires. Le public féminin est ravi et ne cache pas sa satisfaction. « Moi, je sais tresser, c’est pour çà que je suis ici » confie Séra Poymegna, de la tribu de Païta à Kaala-Gomen, « il faut que nous les jeunes mamans nous apprenons à tresser et par la suite apprendre ses mêmes techniques à nos enfants ». Ce premier stage du genre sera renouvelé au cours de l’année par la Mairie de Koumac. En attendant, les stagiaires auront trois jours pour confectionner leurs nattes de « Bonjour ».