Politique : la Martinique parent pauvre des gouvernements

Annick Girardin de Saint-Pierre-et-Miquelon, Ericka Bareigts de la Réunion, Victorin Lurelet Marie-Luce Penchard de la Guadeloupe ont tous été ministre d'Outre-mer.
À quand une personnalité de Martinique au gouvernement ? La question se pose régulièrement depuis que des originaires d’Outre-mer sont nommés quasiment à chaque remaniement ministériel. Ce sera peut-être le cas après les élections législatives, qui sait ?
À chaque composition de gouvernement, une controverse prend forme sur l’absence de personnalité martiniquaise. Et certains de gloser sur le record battu par les Guadeloupéens, 7 nominations sur les 13 de natifs d’Outre-mer. Et d’autres de s’étonner que notre droite ni notre gauche n’aient jamais été représentées dans le moindre gouvernement de la Cinquième République.
 
Alors, pour nous guérir de cette "blessure sacrée", demandons-nous si les ministres venus de Guadeloupe, de Guyane, de La Réunion, de Tahiti et de Saint-Pierre-et-Miquelon ont été réellement en mesure de privilégier leur territoire, ou d’aider plus que d’autres les entreprises ou associations de leur pays d’origine ? Ont-ils pu jeter une lumière crue sur les problèmes que connaissent leurs territoires, en sorte de leur trouver des solutions ?
 
Au-delà du prestige attaché à la fonction, et une fois acquise la reconnaissance de ses mérites politiques ou personnels, que retiendra l’histoire du passage au gouvernement de Christiane Taubira, de Roger Bambuck, de Gaston Flosse, d’Hélène Geoffroy ou d’Annick Girardin, entre autres ?
 
Leur action a-t-elle empêché la survenue de la mobilisation populaire en Guyane, du fait notamment du manque d’État ? Les courbes de la délinquance et de la criminalité se sont-elles inversées ? Le chômage massif et le marasme économique ont-ils été jugulés ? L’émigration des jeunes a-t-elle ralenti ? Le déséquilibre de la balance commerciale a-t-il été aboli ? Existe-t-il un seul territoire de l’espace périphérique en situation de décollage économique ?
 
En un mot comme en cent, être natif d’un territoire quand on appartient au gouvernement représente-t-il vraiment un avantage ? La réponse et dans la question. Alors, puissions-nous, ici, ne plus jouer aux orphelins de la République. Ce que nous ne sommes pas plus que d’autres, d’ailleurs.