Rues ensablées, arbres déracinés, voitures encastrées, maisons soufflées ou retournées, amas de tôles, morceaux de béton... Au lendemain du passage d’Irma, les îles du Nord sont dévastées. Un chaos tel qu'on pense à un bombardement. Ce cyclone d’une rare intensité a tout détruit sur son passage. Pendant toute la nuit, le vent a soufflé de façon constante à plus de 287 km/h avec des rafales allant jusqu’à 360 km/h pendant plusieurs heures.
86 000 tonnes de déchets
Dès le lendemain, la population a commencé à déblayer l’île mais la décharge et l’éco-site des Grandes Cayes ont été eux aussi partiellement détruits. Des tôles de protections placées au-dessus des conteneurs qui faisaient office de bureaux ont été arrachées, le broyeur, la presse à ferraille et la presse à balles carton ont été endommagés et la route d’accès au site a été submergée et recouverte de plusieurs mètres de sableAprès Irma, on n’avait plus accès au site. Au bout d’une semaine, l’armée a ouvert un passage mais nos bureaux qui venaient d’être terminés ont été détruits et toute les machines étaient en panne. Il a fallu un mois pour que le site soit vraiment opérationnel.
- Jean Pierre Tey, directeur de Verde SXM, la société en charge de la décharge et de l’éco-site des Grandes Cayes
Regardez les explications en vidéo de Jean-Pierre Tey :
Un afflux de camions
Pendant près d’un an, 300 à 400 camions - au lieu des soixante habituels - vont amener au quotidien les déchets dus au nettoyage de l’île. L’accès à l’éco-site et à la décharge des Grandes Cayes a été gratuit pour les véhicules immatriculés en France. Aujourd’hui, 150 camions viennent encore chaque jour à la décharge, pour la plupart, des entreprises engagées dans la reconstruction.Irma a représenté 86 000 tonnes de déchets, en plus des 37 000 tonnes annuel habituels. En moins de 6 mois, le site a dû faire face à la quantité de déchets qu’il traite normalement en deux ans et demi. On n’a pas pu faire autrement que de stocker 56 000 tonnes à l’extérieur du site.
- Jean Pierre Tey
Les carcasses de voitures
Le cyclone a détruit également plus de 4000 voitures. L’éco-site Verde SXM des Grandes Cayes a été en charge de la dépollution de ces VHU (véhicules hors d’usage) et de leur compactage. L’atelier consacré aux VHU, a la norme ISO 14001 c’est-à-dire qu’elle respecte la réglementation environnementale en vigueur. En octobre 2017, la collectivité ayant permis aux habitants d'amener gratuitement les voitures sur le site, nombreux sont ceux qui en ont profité pour y amener toutes les carcasses collectées sur l'île. Pour la plupart, des voitures détruites par les précédents cyclones. Il y aurait également eu un important trafic de pièces détachées.Étant donné les nombreuses « anomalies » dans le domaine des immatriculations, des assurances, du transfert transfrontalier de déchets et du transfert inter-îles, le bilan exact des VHU Irma restera approximatif mais permettra d’assainir la filière.
- Les déchets de l’ouragan Irma, extrait du rapport réalisé par l’association Robin des bois

Le site de la décharge de Saint Martin est exceptionnel
L’éco-site et la décharge des Grandes Cayes de France sont situés dans la réserve naturelle nationale de Saint Martin et jouit d’une vue splendide sur l'île de Saint Barthélémy. Et pour faire face à l’urgence, la société Verde SXM a stocké une partie des déchets d’Irma sur une zone située à l’intérieur des 50 pas géométriques appartenant à l’État et mis à disposition du Conservatoire du littoral. Récemment, la préfecture a envoyé une mise en demeure à Verde SXM pour lui demander de restituer l’espace annexé.
Je ne peux pas aller plus vite que la musique. Ce n’est pas comme si nous n’avions qu’un tas à traiter, il en arrive tous les jours. D’ici quelques mois, nous allons nettoyer et revégétaliser l’espace qui nous a été nécessaire pour faire face à Irma et nous le restituerons au plus vite.
- Jean-Pierre Tey
Le tri des déchets, une étape indispensable mais négligée
Chaque jour, la société Verde SXM traite les déchets ménagers et en parallèle les déchets d’Irma. Les déchets non dangereux, pour la plupart les déchets ménagers, sont stockés dans un site d’enfouissement. Le verre et les déchets verts sont recyclés. Le reste est traité et ensuite envoyé par bateau soit en Guadeloupe (pour les déchets plastique, carton et 3DE (déchets d'équipement, électronique et électrique), soit dans l'Hexagone pour les huiles de vidange et les batteries. Dans les mois qui ont suivi le cyclone Irma, un bateau chargé de 3750 tonnes de ferrailles issues de tôles et de caisses de voitures finement broyées a quitté Saint-Martin et depuis un an, tous les quinze jours, 2000 tonnes de ferrailles non broyées et des restes de démolition partent dans des centres de traitement de l'Hexagone. En octobre 2019, un deuxième bateau de ferrailles finement broyée de plusieurs milliers de tonnes quittera Saint-Martin. Le problème aujourd'hui, c'est que les déchets arrivent tout mélangés. L'absence de tri à la source ralenti beaucoup notre travail car c'est nous qui devons tout trier. Le tas de ferraille stocké depuis Irma, c'est également très mélangé avec du sable, des déchets verts et ça aussi, ça complique beaucoup notre travail.
- Jean-Pierre Tey
